dimanche 12 décembre 2010

La Russie et les États-Unis : des relations nébuleuses

par Emerson Csorba et Andrea Vogel, étudiants du Campus Saint-Jean.

La Russie et les États-Unis sont des superpuissances nucléaires et possèdent d'énormes quantités de ressources naturelles. Leur rôle dans les relations internationales est vaste et ils doivent souvent coopérer afin de promouvoir le bien-être du monde, où les acteurs sont interconnectés. Bien que ces deux pays ne s'entendent pas toujours sur les grandes questions, leurs actions influencent le trajet des relations internationales. Ce billet se concentre surtout sur deux défis actuels de la Russie: la modernisation et le programme nucléaire de l'Iran.

Si la Russie veut devenir une superpuissance mondiale, elle doit se moderniser. C'est l'un des plus grands enjeux du pays. Par exemple, la Russie a l'un des taux de mortalité les plus élevés des pays développés. En effet, le taux de mortalité de la Russie est 16.04 sur 1000, qui est le septième pire taux du monde (la Russie est plus basse sur la liste que la Somalie et le Zimbabwe). Une étude récente du World Economic Forum situe la Russie 51e au monde quant à leur « innovation ». C'est un problème qui vexe les leaders russes, mais des solutions sont à l'horizon. La Russie et maintenant les États-Unis s'engagent davantage dans le « Processus de Bologne [pdf] », une tentative d'augmenter la mobilité des étudiants universitaires le plus largement possible. En établissant ce processus, la Russie s'assure que plus d'étudiants domestiques peuvent fréquenter d'autres pays afin de revenir plus tard avec la capacité de contribuer au développement du pays. Ainsi, il est évident que l'éducation va jouer un rôle important dans la modernisation du pays et que la Russie veut que de plus en plus de ces citoyens y aient accès.

La position de la Russie face à l'Iran est incertaine. La Russie vient de construire la centrale Bushehr, qui coûte entre 800 millions et 1 milliard de dollars. Or, en 2007, Poutine avait affirmé que si l'Iran devenait un état nucléaire armé, que ce pays représenterait une menace stratégique à la Russie. Les échanges annuels entre la Russie et l'Iran dépassent 3 milliards de dollars par année et ils sont en train de s'accroitre, notamment avec l'entreprise Gazprom qui est très impliquée dans les réserves iraniennes. Il est difficile d'analyser la position de Poutine, mais il est évident que les relations iraniennes vont persister. Mais les États-Unis jouent un rôle important dans cette région du monde et ont souvent des politiques contre le développement d'un programme nucléaire en Iran. Le fait que l'Iran soit dirigé par un gouvernement radical islamiste critiqué par la communauté internationale est problématique pour la Russie. Alors que fait la Russie? Abandonne-t-elle ses contributions au programme nucléaires iranien, même si elle en bénéfice financièrement? Le développement nucléaire iranien pose-t-il un risque à la sécurité du monde? Enfin, ce sont quelques-uns questions à pondérer afin de mieux comprendre les enjeux émanant des relations entre les États-Unis, la Russie et ses pays voisins.

mercredi 8 décembre 2010

Le Registre des armes à feu et Polytechnique

par Emerson Csorba, étudiant du Campus Saint-Jean

Il y a quelques mois que le projet de loi C-391 fut défait par la Chambre des communes, par un vote de 153 voix à 151. Après avoir passé la deuxième lecture à la Chambre des communes, la Comité permanent de la sécurité publique et nationale a proposé une motion ayant la capacité de mettre fin à ce projet de loi, qui exigeait l'abolition du Registre. Bien que tous les députés Conservateurs aient voté en faveur de C-391, quasiment tous les membres des Libéraux, du Bloc Québécois et même des Néo-démocrates s'y opposaient. C'est une victoire temporaire pour le Registre, qui est toujours combattu par les Conservateurs de Harper, malgré l'appui fervent de la Coalition pour le contrôle des armes et d'environ 300 organisations alliées, y compris le Congrès du travail du Canada.

Le Registre est l'un des sujets les plus controversés au Canada. Créé en 1993 par le passage du projet de loi C-68 du gouvernement Chrétien, il réussit toujours à diviser l'opinion publique des Canadiens, renforçant les clivages entre les régions rurales et urbaines et polarisant la scène politique entre les Conservateurs de Harper et le Bloc Québécois de Duceppe, notamment avec l'amnistie qui dure jusqu'en 2011. Ceux qui prônent le Registre font référence au rapport de la Gendarmerie royale du Canada, qui montre que les policiers ont fréquenté le Registre environ 3,5 millions de fois en 2008 et qu'environ 90 pour cent des armes à feu au Canada furent enregistrées. Bref, le Registre reste un débat rempli d'opinions étroitement divisées.

Selon moi, le Registre est un outil important en vertu du fait que ça facilite la vie des policiers. Je trouve que l'argument le plus souvent utilisé contre le Registre est son coût, mais les figures sont parfois exagérées par le gouvernement fédéral. En 2010, le ministre fédéral de la sécurité publique, Peter Van Loan, a « admis avoir retardé de plusieurs jours la publication du rapport [de la GRC], plutôt que de le rendre public avant le vote de mercredi ». Le rapport montrait que les dépenses venant de l'enregistrement des armes à feu furent seulement 8,5 millions de dollars, environ trois fois moins du nombre donné par le gouvernement fédéral. Bref, si le Registre aide les policiers à trouver des criminels et si ça permet au gouvernement d'enregistrer environ 90% des armes à feu canadiens, je le soutiens.

Certes, il est important de ne pas oublier ce qui a mené à l'établissement du Registre. Le 6 décembre 1989, quatorze femmes furent tuées lors d'un massacre à l'École polytechnique de Montréal. Ce fut un évènement qui a bouleversé le Canada et qui a inspiré des Canadiens comme Heidi Rathjen à pousser le gouvernement libéral à établir un Registre. Il y a quelques jours qu'une pléthore d'universités canadiens ont organisé des cérémonies afin de reconnaître l'anniversaire de la tuerie de l'École polytechnique de Montréal. En fait, c'est un jour qu'on ne devrait jamais oublier.

mardi 7 décembre 2010

WikiLeaks, le cauchemar des politologues

Je suis vraiment impressionné par le nombre de professionnels du monde journalistique et académique qui se prononcent publiquement contre les gestes de WikiLeaks. Aujourd'hui, c'est au tour de Daniel Drezner, professeur réputé de relations internationales, qui nous explique que WikiLeaks est mauvais pour sa profession : désormais, le gouvernement sera encore plus secret, et les politologues auront moins accès au matériau empirique nécessaire à la bonne recherche.

En introduction, Drezner nous fait part de son pire cauchemar, soit présenter des résultats de recherche sur le gouvernement pour ensuite être discrédité par un collègue avec preuves. A la fin, sa carrière est "en ruines", rien de moins! Et désormais, à cause de WikiLeaks, ces preuves au potentiel si destructrices pour le monde académique seront cachées de tous et seulement rendues disponibles quelques décennies plus tard, où sans crier gare, elles jetteront des masses de politologues à la rue.

Bien entendu, il n'en est rien. D'abord, j'ai vu des tas de politologues se tromper au sujet des motivations des gouvernements ou de leurs prédictions (la guerre en Irak!), et aucun d'entre eux n'a ruiné sa carrière pour autant. Ensuite, je ne vois pas pourquoi les journalistes et chercheurs attendraient poliment que le gouvernement leur révèle leurs véritables objectifs. N'est-ce pas leur but de révéler ce qui se passe, même contre la volonté des pouvoirs?

Le véritable cauchemar des politologues, celui qui ruine les carrières pour vrai, ce n'est pas de se tromper, mais bien de passer pour un révolutionnaire radical. A ce moment, vous perdez toute crédibilité, et vous pouvez oublier les subventions et les revues prestigieuses. A voir tous ces Gens Sérieux dénoncer WikiLeaks, j'ai acquis la ferme conviction que cette bibliothèque virtuelle de données précieuses ne sera jamais utilisée dans les milieux académiques respectables. Personne ne voudra associer son nom à celui de Julian Assange et ainsi passer pour un anarchiste frustré.

mercredi 1 décembre 2010

Plan de santé albertain : où sont les médecins?

Le gouvernement de l'Alberta vient de déposer son Plan quinquennal de financement de la santé. On y trouve de tout et de rien, comme tout bon document gouvernemental. Un des gros problèmes actuel en Alberta, c'est le surplus de lits et même d'hôpitaux par rapport au personnel disponible. On construit des buildings flambants neufs et on oublie de les remplir.

J'ai cherché dans le Plan des mesures pour régler la situation, et je n'y ai rien trouvé, à part l'embauche de 65 spécialistes en santé mentale pour les écoles. On y fait mention de "lits" et de "chirurgies" supplémentaires, mais on fait très attention de ne pas utiliser le mot "staff". Ce n'est pas innocent.

Sous la rubrique "Five Years of Stable Funding", on stipule que le budget de Alberta Health Services passera de $9 milliards à $11,1 milliards de manière progressive d'ici 2014. On ne parle pas du budget général de la santé, à part pour dire qu'il est de $15 milliards, mais ça on le savait depuis le Budget de février. Cela signifie une chose : on se vante d'accroître les fonds pour AHS mais il n'y a aucune garantie que le budget global de la santé va lui aussi augmenter. Le hic, c'est que le poste "Physician Compensation" du budget de la santé se situe en-dehors de Alberta Health Services.

On ne sait donc ni la quantité de médecins que l'on veut embaucher (s'il y en a), ni la croissance du budget qui leur est accordé. De toute évidence, on va de l'avant pour cinq ans sans nouveau projet d'embauche, et ça c'est très inquiétant...