jeudi 30 septembre 2010

Québec corrompu ou Quebec-bashing?

La revue Maclean's a fait sursauter les Québécois avec sa page couverture alarmiste, affirmant que les Québécois étaient un peuple essentiellement corrompu, le pire au Canada. J'en avais long à dire sur le sujet, mais je vais laisser la parole à Jean-François Lisée de la revue L'Actualité (du même propriétaire que Maclean's), qui élabore en détails une position similaire à la mienne.

mercredi 29 septembre 2010

La santé c'est pas juste des hôpitaux

Ces dernières années en Alberta, on a vu l'apparition de centres hospitaliers vraiment impressionnants : Mazankowski, Edmonton Clinic, Calgary South Health Campus, etc. On a donc besoin de beaucoup de professionnels de la santé, si on veut les opérer. Mais le gouvernement Stelmach se fie sur les gradués et les résidents, et... refuse d'aider les universités en difficulté financière, qui doivent réduire les admissions. Résultat : des cohortes qui sont loin d'atteindre les prédictions du gouvernement d'il y a quelques années.

Province riche, province pauvre, quand on est gouverné de la sorte ça ne change pas grand-chose.

mardi 28 septembre 2010

Perception et réalité des inégalités


A-t-on vraiment une idée, intuitivement parlant, du degré d'inégalité de distribution des richesses dans notre société? Allez voir le graphique au milieu de cet article. La ligne "Actual" représente la réalité américaine : les 20% les mieux nantis possèdent un peu moins de 85% des richesses, les 20% suivants en ont 10%, et le reste se partage une quantité négligeable.

Dans la Section "Estimated", on a demandé à des Américains d'évaluer la distribution. Peu importe leur catégorie de revenu ou leur préférence politique, ils ont tous à peu près la même vision optimiste de la situation. Conclusion des auteurs de l'étude : les Américains n'ont aucune idée combien inégalitaire est leur société. Je serais curieux de voir l'exercice au Canada.

mardi 21 septembre 2010

Autre échec pour les gays dans l'armée US

Le mouvement pour permettre aux homosexuels de servir librement dans l'armée américaine a subi un autre échec au Congrès aujourd'hui, alors que les procédures sont bloquées sur des questions techniques. Ce mouvement vise à annuler la loi "Don't Ask, Don't Tell" (DADT), qui fait en sorte que l'homosexualité est illégale dans l'armée, mais les officiers n'enquêtent pas activement sur l'identité sexuelle de ses membres. En d'autres termes, si vous gardez votre vie sexuelle pour vous-même, il ne vous arrivera rien. Au-delà de l'injustice évidente de cette mesure, on imagine aisément les possibilités de chantage et de l'anxiété permanente qui pèse sur les soldats gays.

Le Président Obama, en sa qualité de "commandant en chef" des armées, a le pouvoir de rendre DADT inactif par simple déclaration de sa part (un "executive order"). Plusieurs groupes progressifs voudraient qu'il adopte cette voie, puisque le Congrès n'avance pas. Obama s'y refuse, préférant que le Congrès règle la question.

Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une élimination de DADT au Congrès aurait un caractère quasi-permanent, car pour ré-interdire les homosexuels par la suite, il faudrait un autre vote, avec toutes les campagnes et les procédures que cela exige. Si le Congrès repousse DADT, il est peu probable qu'il le réintroduise dans un proche avenir.

Un ordre du Président est tout à fait différent. Le prochain Président peut très facilement émettre un autre "executive order" forçant l'armée à respecter DADT (remarquez que sous cette stratégie, la loi DADT ne disparaît pas, elle est seulement mis de côté). Le Pentagone a déjà dit qu'il ne voulait pas se retrouver dans la situation où la politique envers les homosexuels change au gré de la présidence. Ils préfèrent une solution stable, et cela devra provenir du Congrès.

lundi 20 septembre 2010

Le gouvernement québécois en péril?

Depuis un mois, nous assistons à Québec à un théâtre politique d'une rare envergure. C'est la Commission Bastarache, chargée d'enquêter sur le processus de nomination des juges par le gouvernement québécois. Tout cela a commencé lorsqu'un ancien ministre de la Justice sous Jean Charest, Marc Bellemare, a révélé qu'à son époque, trois juges avaient été nommés comme cadeau de remerciement à de gros donateurs au Parti libéral. Les principaux accusés, dont Jean Charest, ont toujours nié catégoriquement ces faits. Ce dernier est tellement certain de sa position, qu'il a lui-même demandé à l'ex-juge de la Cour Suprême, Michel Bastarache, de faire le ménage dans cette affaire.

M. Bellemare a été le premier à témoigner, et il y est allé de révélations-choc sur des pressions qu'il aurait reçu des financiers du Parti, et des sommes d'argent liquide circulaient d'une main à l'autre sous ses yeux. Par la suite, une série de témoins sympathiques au gouvernement ont défilé, tentant de contredire ces allégations. Le problème jusqu'ici, c'est que ni M. Bellemare, ni les autres témoins n'ont apporté de preuves solides de ce qu'ils avancent.

Cette semaine, les choses pourraient changer très rapidement. D'abord, aujourd'hui lundi, Georges Lalande, un des sous-ministres de Bellemare, est venu confirmer les accusations de son ancien patron. C'est le premier témoin à véritablement raconter à la Commission qu'il y avait effectivement un système obscur de nomination partisane de juges. Ensuite, on a appris récemment qu'il existe une liste des entrées et sorties au Bureau du Premier ministre à l'époque concernée en 2003. Elle est censée aboutir à la Commission dans les prochains jours. On pourrait y voir des noms suspects qui seraient embarrassants pour Charest.

Le Premier ministre a joué le tout pour le tout en mettant en place cette Commission. Plutôt que de chercher à minimiser l'affaire, il en a fait un "soap opera" en direct à la télé quatre jours par semaine. Cette semaine, nous saurons si oui ou non, il a creusé sa propre tombe politique...

lundi 13 septembre 2010

Made in Canada

Les Australiens de chez BHP Billiton veulent acquérir Potash Corp, le fleuron de l'économie saskatchewannaise. Et le débat reprend : doit-on prévenir ces prises de contrôle étrangères de nos grandes entreprises canadiennes? Les gouvernements devraient-ils intervenir?

Je comprends que de telles transactions fassent mal à notre petit coeur canadien, mais d'un autre côté je ne vois pas vraiment où est le problème. Je connais peu de grandes entreprises à propriété canadienne qui travaillent activement pour les intérêts de la Nation. Le capitalisme c'est le capitalisme, qu'il soit canadien, américain ou australien. Les PDG recherchent le profit avant tout, advienne que pourra.

Le plus important, ce sont les travailleurs. Les emplois doivent rester au Canada. C'est l'endroit où l'usine se situe qui fait toute la différence dans la santé économique du pays, pas l'origine de ses propriétaires. Avec Potash, rien à craindre, les mines de potasse ne bougeront pas de là.

L'argument que l'on entend le plus concerne la prise de décision dans l'entreprise. On a peur que des étrangers entreprennent des projets qui nuisent au Canada, car selon les dires, ils n'ont pas cette "sensibilité" aux problèmes du pays. Je ne suis pas du tout convaincu. Les négociations entre le gouvernement et le privé sur des questions nationales (l'environnement par exemple) sont de même nature, peu importe les propriétaires.

J'irai même jusqu'à dire que certains propriétaires canadiens récoltent ce que j'appelle la "rente patriotique". On hisse fièrement le drapeau devant l'usine en chantant l'hymne national, et puis après on menace de déménager ailleurs si on n'a pas telle subvention. Bombardier est passé maître dans cet art. Les Québécois sont extrêmement fiers de l'entreprise (avec raison), mais ses dirigeants ne se gênent pas pour jouer du violon patriotique pour obtenir des contrats sans appel d'offres.

Et c'est sans parler de l'hypocrisie des gouvernements (et disons-le, de la population) qui applaudissent l'acquisition d'entreprises étrangères par des Canadiens...

samedi 11 septembre 2010

Aréna de Québec : des voix dissidentes

Cette semaine, on a eu droit à des images de députés conservateurs fédéraux québécois arborant le chandail des Nordiques et annonçant fièrement l'éventuelle participation financière d'Ottawa. Mais le projet ne fait pas l'unanimité au sein du parti : hier, le député Maxime Bernier s'est carrément opposé à tout financement public pour un aréna et/ou une équipe de la LNH. Bien que je ne sois pas d'accord avec son argument de la dette en récession (je suis d'avis que l'État doit augmenter ses dépenses pour revitaliser l'économie), il a raison lorsqu'il souligne que l'absence de participation du privé est signe d'un projet perdant.

Une participation fédérale a le potentiel de générer beaucoup d'amertume dans l'Ouest. Comme le souligne Don Martin du Calgary Herald, Harper pourra difficilement refuser de l'aide pour de nouveaux amphithéâtres à Calgary et à Edmonton s'il accepte d'en financer un au Québec. Et bien entendu, si le fédéral se met à dépenser massivement pour du sport professionnel à travers le Canada, ils vont rapidement perdre leur réputation du parti de la responsabilité fiscale...

mercredi 8 septembre 2010

Ça commence par un aréna...

Au Québec, le PM Charest a annoncé que son gouvernement participerait au financement d'un nouvel amphithéâtre à Québec à hauteur de 45%. On sait que la LNH exige un nouvel édifice avant d'accorder une équipe de hockey à la ville. Et comme trop souvent, lorsqu'il s'agit de sport professionnel, les goussets de l'État s'ouvrent bien rapidement...

D'abord, les coûts de l'aréna sont estimés à $400 millions, ce qui signifie probablement $500-600 M au final. Il est intéressant ici de noter que le gouvernement s'engage à financer une proportion des coûts, plutôt que de donner une subvention fixe.

L'étude accompagnant l'annonce affirme que l'aréna seul ne générera à peu près pas de profits (environ $1 M par année). On se fie sur les retombées économiques des restos et hôtels qui pousseront autour... qui bénéficieront bien sûr des crédits de l'État puisqu'il faut valoriser le projet.

L'étude fait assez peu de cas du retour des Nordiques. Pourtant, on ne construit certainement pas cet édifice pour des expositions agricoles! Soyez certains que l'équipe sera financée à haut niveau par les gouvernements, c'est la façon normale de procéder.

A combien s'élèvera la facture finale?

mardi 7 septembre 2010

La bataille des baisses d'impôt

Dans un éditorial au NY Times, Peter Orszag, l'ancien directeur des Affaires budgétaires du Président Obama, milite pour une extension des baisses d'impôt au riches consenties par G.W. Bush en 2001 et censées expirer en janvier 2011. Idéalement, raconte-t-il, on devrait laisser ces crédits expirer, mais il faut négocier des mesures économiques avec les Républicains au Congrès, et ils exigent la reconduite des crédits. D'un point de vue pragmatique, il faut donc leur donner ce qu'ils veulent.

Orszag nous rassure en affirmant que ce ne sera que pour deux ans. Il faudra alors que le Président affirme solennellement qu'il ne reconduira pas ces crédits au-delà de 2013. Mais quelle crédibilité aurait le Président, ou tout autre politicien, si on a déjà manqué à sa parole en 2011? Et si les Républicains sont assez puissants pour forcer la main des Démocrates aujourd'hui, la situation sera-t-elle différente en 2013?

Heureusement (mais il ne faut pas trop espérer), la Maison-Blanche a rejeté la proposition.

samedi 4 septembre 2010

Les Démocrates auront-ils le courage de s'attaquer à la récession américaine?

Le président Obama est censé présenter son plan pour redresser l'économie américaine bientôt. Il aura à le présenter au Congrès, qui l'amendera avant de voter et le cas échéant, le renvoyer au Président pour ratification.

De quoi aura l'air ce plan? On sait d'abord qu'il ne s'agira pas d'un "stimulus", soit une injection directe d'argent dans l'économie via des grands projets d'infrastructure. Les Républicains ont tellement critiqué la mesure que le terme lui-même est devenu poison, presque synonyme de "socialisme".

Vraisemblablement, il s'agira d'une baisse d'impôts et de taxes, surtout orienté vers les entreprises. De quoi plaire à l'opposition républicaine au Congrès, non? Voici ma prédiction : les Républicains vont s'y opposer, offrant à la place une baisse d'impôts aux super-riches que les Démocrates ne pourront accepter. Quelques "instituts de recherche" républicains prétendront, graphiques à l'appui, que ces baisses seront au crédit des barbiers et des plombiers de la Nation, et donc qu'Obama est anti-américain. Encore une fois, les Démocrates capituleront et on aura finalement une baisse globale de taxes qui n'aura pas grand autre effet que d'ajouter au déficit et de maintenir une Bourse surévaluée par rapport à l'état réel de l'économie.

Déjà, selon cet article du New York Times, les Démocrates sont prêts à accorder une année de plus à la forte baisse d'impôts aux riches de G.W. Bush. En 2001, peu après les attaques, Bush a fait passer cette baisse, mais pour une durée limitée de 10 ans. La raison est principalement comptable : les effets sur le déficit sont calculés à long terme, soit sur plus de 10 ans. Immédiatement après, Bush a milité pour une extension permanente de la baisse, ce qu'il n'a pas obtenu. L'expiration est pour janvier 2011. Les Démocrates au Congrès ont initialement déclarés que ces baisses expireront comme prévu, sauf pour la partie affectant les moins riches.

Alors que les négociations approchent, ceux-ci se disent prêts à ajouter une onzième année à la mesure. Et l'an prochain, ce sera quoi? Peut-on croire qu'ils agiront autrement?

Voici la composition du déficit américain prévu à partir de 2009. Voyez par vous-même la part du cadeau de Bush aux riches...

jeudi 2 septembre 2010

Sondage EKOS : conservateurs et libéraux nez à nez!

Le dernier sondage EKOS sur le scène fédérale donnent les Conservateurs et les Libéraux virtuellement égaux, à respectivement 29.4% et 29.1% dans les intentions de vote. Harper a tout récemment ravivé le démon de la Coalition de l'opposition contre son gouvernement, avait-il anticipé ces résultats désastreux?

Les analystes d'EKOS soutiennent que la réforme du recensement est la principale cause de la baisse de popularité des Conservateurs. Personnellement, et comme bien des chercheurs en sciences sociales, je m'oppose à l'abandon du formulaire long (voir ici pour une excellente description de ce qui se passe), mais jamais je n'aurais cru que cela affecterait l'électeur moyen. Surtout en plein été!